La chirurgie réparatrice de la peau
Un geste de chirurgie réparatrice peut être nécessaire dans certains cas après exérèse d’un cancer de la peau. Il s’agit d’une spécialité de la chirurgie plastique.
En effet, l’exérèse chirurgicale d’un cancer de la peau se fait avec des marges de sécurité variant de quelques millimètres pour le carcinome à parfois plusieurs centimètres pour le mélanome.
La perte de substance secondaire à ce geste d’exérèse peut rendre impossible la suture directe de la peau. Dans ce cas, un geste de chirurgie réparatrice est indiqué. Ces techniques permettent de refermer la perte de substance tout en garantissant un résultat esthétique optimal.
La chirurgie réparatrice est fréquemment utilisée au niveau du visage.
Nous sommes chirurgiens plasticiens et avons été formés à l’Institut Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer en Europe.
La chirurgie réparatrice n’est pas une chirurgie lourde. Elle est réalisée sous anesthésie locale, au bloc opératoire et dure généralement moins d’une heure. Nous opérons à la clinique Ambroise Paré, à Neuilly-sur-Seine.
Dans quelles circonstances fait-on appel à un geste de chirurgie réparatrice ?
L’exérèse chirurgicale d’un cancer de la peau nécessite de prendre des marges de sécurité tout autour de la lésion. Ces marges de sécurité permettent de garantir l’exérèse complète du cancer d’une part et de limiter la récidive d’autre part. La perte de substance secondaire au geste qui a consisté à retirer le cancer de la peau est donc toujours plus importante que la taille du cancer.
Heureusement, dans la plupart des cas, il est tout à fait possible de réaliser une suture directe de la perte de substance. La suture directe consiste à refermer la peau en utilisant la laxité cutanée naturelle. On recrute donc la peau autour de la perte de substance pour refermer la perte de substance directement. Dans ce cas, aucun geste de chirurgie réparatrice n’est nécessaire. On s’attache à réaliser la cicatrice la plus discrète possible en la plaçant, lorsque cela est possible, dans un pli naturel.
La suture directe n’est malheureusement pas toujours possible. Il existe plusieurs cas de figure :
- La perte de substance est trop importante pour refermer la peau directement. Dans ce cas, la laxité cutanée naturelle ne suffit plus. C’est parfois le cas des mélanomes au niveau du visage, lorsque les marges de sécurité sont importantes. En effet, les marges de sécurité peuvent atteindre 2 cm dans le cas d’un mélanome.
- Il n’existe pas de laxité cutanée naturelle autour du cancer à retirer. Cela peut être le cas par exemple au niveau de la peau de la tête (qu’on appelle le scalp), du nez, du front, de l’oreille ou des doigts.
- Le cancer de la peau atteint une structure anatomique dont la fonction peut être entravée par le geste d’exérèse chirurgicale. C’est par exemple le cas lorsque le cancer de la peau est situé au niveau de la paupière. Dans ce cas, la suture directe de la perte de substance n’est pas possible car elle empêcherait la fonction naturelle de la paupière (dont le rôle est de protéger l’oeil).
Lorsque la suture directe n’est pas possible, il faut donc faire appel à un geste de chirurgie réparatrice.
Quelles sont les techniques de chirurgie réparatrice ?
Il est important de comprendre qu’il n’existe pas une meilleure technique que les autres en chirurgie réparatrice.
La technique va être choisie en fonction de la localisation de la peau à reconstruire.
Il existe donc différentes techniques de chirurgie réparatrice, plus ou moins adaptée à certaines régions du corps.
La cicatrisation dirigée
La cicatrisation dirigée consiste à laisser cicatriser toute seule la perte de substance secondaire au geste d’exérèse du cancer.
Des soins locaux quotidiens à base de pansements gras sont nécessaires. Ils sont réalisés par une infirmière.
Il s’agit d’une excellente technique lorsque le cancer est situé sur le scalp (si le patient est chauve), le front ou le canthus interne (entre la paupière supérieure et le nez). La cicatrisation dirigée doit être préférée pour ces localisations, car c’est la technique qui donne le meilleur résultat esthétique final.
En effet, le résultat esthétique dans ces localisations est excellent car la peau est située directement au contact de l’os. La cicatrice finale est généralement de petite taille, blanche et quasi invisible.
Néanmoins, la cicatrisation dirigée prend plusieurs semaines. Il s’agit donc d’une technique contraignante mais qui ne doit pas être négligée pour les localisations sus-citées.
La greffe de peau
La greffe de peau consiste à couvrir la perte de substance secondaire à l’exérèse du cancer par de la peau prélevée à un autre endroit du corps. La peau est prélevée dans une région du corps (zone donneuse) où il existe naturellement de la laxité cutanée. La zone donneuse peut donc être refermée directement par suture directe. Les zones donneuses les plus utilisées sont : le cou, la région pré-auriculaire (pli devant l’oreille), la région rétro-auriculaire, la paupière supérieure et la face interne du bras. La peau est généralement prélevée à proximité de la perte de substance pour avoir des qualités proches (en termes de couleur et d’épaisseur) avec la peau à reconstruire.
En fin d’intervention, un pansement est cousu sur la greffe de peau pour la maintenir en place pendant les premiers jours. En effet, la greffe de peau n’apporte pas sa propre vascularisation (contrairement au lambeau). La greffe de peau va donc vivre grâce aux vaisseaux qui vont se créer en-dessous. Le pansement cousu à la peau est appelé un pansement de bourdonnet. Il est constitué d’un paquet de tulle gras. Il ne doit pas être mouillé pour ne pas décoller la greffe de peau. Ce pansement de bourdonnet est retiré au 5ème jour par le chirurgien. Les fils qui maintiennent la greffe sont ensuite retirés au 10ème jour. Dans l’intervalle, des soins locaux quotidiens à base de pansement gras sont nécessaires. Ils sont effectués par une infirmière.
L’avantage de cette technique est sa simplicité. Il s’agit d’un geste simple réalisé sous anesthésie locale en moins d’une heure. L’inconvénient est la nécessité de garder un pansement cousu sur la greffe pendant plusieurs jours, le risque d’échec de la greffe (5 à 10% des cas environ) et le résultat esthétique parfois insuffisant. En effet, un effet “patch”est possible (la couleur de la greffe n’est pas la même que celle de la peau environnante) ainsi qu’un aspect en “marche d’escalier” (l’épaisseur de la greffe n’est pas la même que celle de la la peau autour).
Il s’agit d’une excellente technique au niveau du nez, de l’oreille ou de la main.
Le lambeau local ou régional
Un lambeau consiste à déplacer de la peau avec ses propres vaisseaux sanguins pour reconstruire la perte de substance secondaire à l’exérèse du cancer. Contrairement à la greffe de peau, le lambeau apporte donc sa propre vascularisation. Selon que la peau à déplacer soit située immédiatement à proximité de la perte de substance à reconstruire ou bien plus à distance, on parle de lambeau local ou de lambeau régional. La réalisation d’un lambeau local est un geste de chirurgie plastique plus sophistiqué que la greffe de peau. Le lambeau est du ressort du chirurgien plasticien.
Le principal avantage de cette technique est que la peau déplacée a des qualités très proches de la peau à reconstruire (en terme de couleur et d’épaisseur). L’inconvénient est que des cicatrices supplémentaires sont nécessaires pour mobiliser la peau. Néanmoins, ces cicatrices sont placées dans des plis naturels pour être les plus discrètes possibles. De plus, le lambeau est la technique qui offre la cicatrisation la plus rapide.
Le lambeau local est une excellente technique au niveau de la paupière, de la lèvre et du nez.
Il s’agit d’un geste qui doit être réalisé par un chirurgien expérimenté. La reconstruction par lambeau local dure généralement moins d’une heure et se fait sous anesthésie locale au bloc opératoire.
Quel chirurgien pour effectuer un geste de chirurgie réparatrice ?
La chirurgie réparatrice est une spécialité de la chirurgie plastique. Elle est donc effectuée par le chirurgien plasticien. Néanmoins, au niveau du visage, il s’agit de techniques également utilisées par le chirurgien ORL ou le chirurgien maxillo-faxial.
L’équipe du centre est constituée de chirurgiens plasticiens formés à l’Institut Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer en Europe. Nous sommes donc spécialisés dans la chirurgie réparatrice du visage. Nous attachons une importance particulière à obtenir un résultat esthétique optimal.
La plupart des gestes de chirurgie réparatrice peuvent être réalisés sous anesthésie locale, au bloc opératoire et durent moins d’une heure. Ils sont effectués en chirurgie ambulatoire, c’est à dire qu’aucune hospitalisation n’est nécessaire. Nous opérons à la clinique Ambroise Paré, à Neuilly-sur-Seine.